Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/131

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plaisir vraiment, tandis qu’elle voyait les saines et roses béguines et quelques autres invitées, des parentes comme elle, faire honneur à ce repas de fête et de dimanche. On servait du vin ce jour-là, du vin de Tours, onctueux et d’or, du vin de burettes. Barbe vida le verre qu’on lui avait versé, croyant noyer ses préoccupations. Une migraine lui vint.

Le repas lui avait paru interminable. Quand il s’acheva, elle courut droit à la sœur Rosalie, l’interrogeant du regard. Celle-ci remarqua son trouble et vite tâcha de la calmer.

— Ce n’est rien, Barbe ! Voyons, mon amie, ne vous alarmez pas ainsi.

— Qu’y a-t-il ?

— Rien ! rien de très grave. Un petit conseil que je devais vous donner.

— Ah ! vous m’avez fait peur…

— Quand je dis rien de grave, il s’agit du présent. Mais la chose pourrait devenir grave. Voici : il sera peut-être nécessaire que vous changiez de service.