Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/139

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débauche, devrait refuser ses services et partir.

Barbe se fit répéter deux fois la distinction ; puis, l’ayant comprise, enfin, elle sortit du confessionnal, quitta l’église après une courte prière et s’en retourna vers le quai du Rosaire, vers la demeure d’où elle était partie si heureuse, le matin, et qu’il lui faudrait abandonner (elle le sentait bien !) tôt ou tard…

Ah ! comme il est difficile d’être joyeux longtemps ! Et elle rentrait par les rues mortes, regrettant la verte banlieue de l’aube, la messe, les cantiques blancs, toutes les choses sur lesquelles la nuit tombait ; songeant à des départs proches, à de nouveaux visages, à son maître en état de péché mortel ; et se voyant elle-même, sans espoir désormais de finir sa vie au Béguinage, mourir un soir pareil, toute seule, à l’hospice dont les fenêtres donnent sur le canal…