Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/149

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par son ancienne douleur et ses soucis présents. Machinalement, il revenait à la maison de Jane. Personne encore !



Il recommençait à marcher, hésitait, tournoyait dans les rues atrophiées et, sans s’en douter, arrivait au quai du Rosaire. Alors il se décidait à rentrer chez lui ; il n’irait chez Jane que plus tard, dans la soirée ; s’asseyait en un fauteuil, essayait de lire ; puis, au bout d’un instant, noyé de solitude, envahi par le silence froid de ces grands corridors, il sortait de nouveau.

C’est le soir… il bruine, d’une petite pluie qui s’étire, s’accélère, lui épingle l’âme… Hugues se sentait reconquis, hanté par le visage, poussé vers la demeure de Jane ; il s’acheminait, en approchait, revenait sur ses pas, pris tout à coup d’un besoin d’isolement, ayant peur maintenant qu’elle fût chez elle à l’attendre et ne voulant pas la voir.

À pas rapides, il marchait dans la direction opposée, enfilant des quartiers