Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/189

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la morte — semblait à ces minutes suprêmes de sa détresse se lever dans la nuit, le regarder avec les yeux apitoyés de la lune.



Hugues n’était plus dupe ; il avait surpris des mensonges chez Jane, rejointoyé des indices ; il fut bientôt éclairé tout à fait quand plurent chez lui, selon une habitude en ces villes de province, les lettres, les cartes anonymes pleines d’injures, d’ironies, de détails sur les tromperies, les désordres qu’il avait déjà soupçonnés… On lui donnait des noms, des preuves. Voilà l’aboutissement de cette liaison avec une femme de rencontre où une cause, si avouable au début, l’avait entraîné. Quant à elle, il romprait ; voilà tout ! Mais comment remédier à la déchéance vis-à-vis de lui-même, à son deuil tombé dans le ridicule, à cette chose sacrée, qu’étaient son culte et son sincère désespoir, devenue la risée publique ?

Hugues s’affligea. Jane aussi était finie pour lui ; c’est comme si la morte mourait