Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

une seconde fois. Ah ! tout ce qu’il avait déjà enduré de cette femme fantasque, trompeuse !

Il alla chez elle un dernier soir pour se délivrer, dans l’adieu, du poids de douleur accumulé en son âme à cause d’elle.

Sans colère, avec un infini navrement, il lui raconta qu’il avait tout appris ; et comme elle le prenait de haut, mauvaise, avec un air de bravade : « Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ? », il lui montra les délations, les honteux papiers…

— « Tu es sot assez pour croire à des lettres anonymes ? » Et elle se mit à rire d’un rire cruel, découvrant ses dents blanches, des dents faites pour des proies.

Hugues observa : « Vos propres manèges m’avaient déjà édifié. »

Jane, devenue tout à coup furieuse, allait, venait, faisait claquer les portes battant l’air de sa jupe.

— Eh bien ! si c’était vrai ? s’exclama-t-elle.

Puis, après un instant :