Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/201

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renouveau entre eux, une embellie rose et tiède. Justement une occasion favorable s’offrait : on était en mai ; le lundi suivant avait lieu la procession du Saint-Sang, annuelle sortie, depuis des siècles, de la Châsse où est conservée une goutte de la Plaie ouverte par la lance.

La procession défilerait au quai du Rosaire, sous les fenêtres de Hugues. Jane n’avait jamais assisté au célèbre cortège et s’en montra curieuse. Or il ne passerait pas devant sa demeure, trop éloignée ; et comment le voir dans les rues qu’encombre ce jour-là, disait-on, une foule accourue de toute la Flandre.

— Dis ! tu veux ? Je viendrai chez toi… nous dînerons ensemble…

Hugues objecta les voisins, les servantes qui jasent.

— J’arriverai de bonne heure, quand tout le monde dort.

Il s’inquiéta aussi en songeant à Barbe, toute prude et dévote, qui la prendrait pour une envoyée du diable.