Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/237

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il se croyait reporté… Très tranquille, il avait été s’asseoir dans un fauteuil.



Les fenêtres étaient restées ouvertes…

Et, dans le silence, arriva un bruit de cloches, toutes les cloches à la fois, qui se remirent à tinter pour la rentrée de la procession à la chapelle du Saint-Sang. C’était fini, le beau cortège… tout ce qui avait été, avait chanté — semblant de vie, résurrection d’une matinée. Les rues étaient de nouveau vides. La ville allait recommencer à être seule.

Et Hugues continûment répétait : « Morte… morte… Bruges-la-Morte… » d’un air machinal, d’une voix détendue, essayant de s’accorder : « Morte… morte… Bruges-la-Morte… » avec la cadence des dernières cloches, lasses, lentes, petites vieilles exténuées qui avaient l’air — est-ce sur la ville, est-ce sur une tombe ? — d’effeuiller languissamment des fleurs de fer !