Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/53

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aux vieilles façades ornementées et sculptées comme des poupes — apparaissant plus nette et d’une silhouette mieux découpée chaque fois qu’elle passait devant la vitrine éclairée d’un magasin ou le halo répandu d’un réverbère.

Puis il la vit brusquement traverser la rue, s’acheminer vers le théâtre dont les portes étaient ouvertes, et elle entra.

Hugues ne s’arrêta pas… Il était devenu une volonté inerte, un satellite entraîné. Les mouvements de l’âme ont aussi leur vitesse acquise. Obéissant à l’impulsion antérieure, il pénétra à son tour dans le vestibule où la foule affluait. Mais la vision s’était évanouie. Nulle part, ni parmi le public qui faisait queue, ni au contrôle, ni dans les escaliers, il n’aperçut la jeune femme. Où avait-elle disparu ? Par quel couloir ? Par quelle porte latérale ? Car il l’avait vue entrer, sans erreur possible. Elle allait au spectacle sans doute. Elle serait dans la salle