Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/77

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— « J’ai l’envie de ne plus me teindre », avait-elle dit un jour.

Il en avait paru tout troublé, insistant pour qu’elle gardât ses cheveux de cet or clair qu’il aimait tant. Et, en disant cela, il les avait pris, caressés de la main, y enfonçant les doigts comme un avare dans son trésor qu’il retrouve.

Et il avait balbutié des choses confuses : « Ne change rien… c’est parce que tu es ainsi que je t’aime ! Ah ! tu ne sais pas, tu ne sauras jamais ce que je manie dans tes cheveux… »

Il semblait vouloir en dire davantage ; puis s’arrêtait, comme au bord d’un abîme de confidences.

Depuis qu’elle s’était installée à Bruges, il venait la voir presque tous les jours, passait d’ordinaire ses soirées chez elle, y soupait parfois, malgré la mauvaise humeur de Barbe, sa vieille servante qui, le lendemain, maugréait d’avoir inutilement préparé le repas et d’avoir attendu. Barbe feignait de croire