Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/145

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rête aux rugosités des vêtements, aux aspérités des vieux visages, aux callosités des mains plébéiennes : car, pour Rembrandt, la beauté n’est que l’antithèse constatée entre la trivialité de l’enveloppe physique et le rayonnement intérieur. Or comment montrerait-il cette beauté faite de laideur apparente et de grandeur morale, s’il cherchait à rivaliser d’élégance avec Raphaël ?

Reconnaissez donc que son dessin est parfait parce qu’il correspond absolument aux exigences de sa pensée.


— Ainsi, selon vous, c’est une erreur de croire qu’un même artiste ne peut être à la fois bon coloriste et bon dessinateur.


— Assurément, et je ne sais comment s’est établi ce préjugé qui jouit encore actuellement d’un tel crédit.

Si les maîtres sont éloquents, s’ils s’emparent de nous, il est clair que c’est parce qu’ils possèdent exactement tous les moyens d’expression qui leur sont nécessaires.

Je viens de vous le prouver pour Raphaël et pour Rembrandt. La même démonstration pour-