Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/171

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La ressemblance qu’il doit obtenir est celle de l’âme ; c’est celle-là seule qui importe : c’est celle-là que le sculpteur ou le peintre doit aller chercher à travers celle du masque.

En un mot, il faut que tous les traits soient expressifs, c’est-à-dire utiles à la révélation d’une conscience.


— Mais n’arrive-t-il point parfois que le visage soit en désaccord avec l’âme ?


— Jamais.


— Pourtant souvenez-vous du précepte de La Fontaine :


Il ne faut point juger les gens sur l’apparence.


— Cette maxime, à mon sens, ne s’adresse qu’aux observateurs frivoles. Car l’apparence peut tromper leur examen hâtif. La Fontaine écrit que le souriceau prit le chat pour la plus douce des créatures ; mais il parle d’un souriceau, c’est-à-dire d’un écervelé qui manque d’esprit critique. L’aspect même du chat avertit quiconque l’étudie