Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/176

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J’en convins.

Rodin poursuivit :


— Et comme dans les meilleures narrations écrites, ce qui plaît par-dessus tout dans ces Mémoires de terre cuite, de marbre et de bronze, c’est la grâce pétillante du style, c’est la légèreté de la main qui les rédigea, c’est la générosité de la belle âme si française qui les composa. Houdon, c’est Saint-Simon sans les préjugés nobiliaires ; c’est Saint-Simon aussi spirituel et plus magnanime. Ah ! le divin artiste !


Je ne me lassais pas de vérifier sur les bustes que nous avions devant nous l’interprétation passionnée qu’en donnait mon compagnon.

— Il doit être malaisé, lui dis-je, de pénétrer si profondément dans les consciences.

À quoi Rodin :


— Oui, sans doute. — Puis, avec une nuance d’ironie : — Les plus grandes difficultés pour l’artiste qui modèle un buste ou qui peint un portrait ne viennent pourtant pas de l’œuvre même qu’il exécute. Elles viennent… du client qui le fait travailler.