Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/248

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forcément aussi elles se heurtent à l’immense Inconnaissable qui enveloppe de toutes parts la très petite sphère du connu. Car enfin nous ne sentons et nous ne concevons dans le monde que cette extrémité de choses par laquelle elles se présentent à nous et peuvent impressionner nos sens et notre âme. Mais tout le reste se prolonge dans une obscurité infinie. Et même tout près de nous, mille choses nous sont cachées parce que nous ne sommes pas organisés pour les saisir.


Comme Rodin se taisait un moment, je me contentai de réciter les vers de Victor Hugo :


Nous ne voyons jamais qu’un seul côté des choses ;
L’autre plonge en la nuit d’un mystère effrayant,
L’homme subit l’effet sans connaître les causes :
Tout ce qu’il voit est court, inutile et fuyant.


— Le poète l’a dit mieux que moi, fit Rodin en souriant.


Il continua :


— Les belles œuvres, qui sont les plus hauts témoignages de l’intelligence et de la sincérité