Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/269

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— On pourrait, dit-il, la finir davantage ; mais ce ne serait que pour nous amuser, puisque, telle qu’elle est, elle m’a suffi pour ma démonstration.

Les détails n’y ajouteraient d’ailleurs que peu de chose. Et voici, en passant une vérité importante. Quand les plans d’une figure sont bien posés, avec intelligence et décision, tout est fait, pour ainsi dire ; l’effet total est obtenu ; les fignolages qui viendront ensuite pourront plaire au spectateur ; mais ils sont presque superflus. Cette science des plans est commune à toutes les grandes époques : elle est presque ignorée aujourd’hui.


Là-dessus, poussant de côté sa maquette d’argile :


— À présent, j’en vais faire une autre selon la conception de Michel-Ange.


Il ne procéda nullement comme pour la première.

Il tourna d’un même côté les deux jambes de son personnage et le corps du côté opposé. Il fléchit le torse en avant ; il plia et colla un bras contre le corps et ramena l’autre derrière la tête.

L’attitude ainsi évoquée offrait un étrange aspect d’effort et de torture.