Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/276

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Comme je remerciais mon hôte de son précieux enseignement :


— Il faudra que nous le complétions un de ces jours par une visite au Louvre, me dit-il. Ne manquez pas de me rappeler cette promesse.


À ce moment, un domestique introduisit Anatole France, dont Rodin attendait la visite. Car le maître statuaire avait invité le grand écrivain à venir admirer sa collection d’antiques.

Je me félicitai fort, comme on pense, d’assister à cette entrevue de deux hommes qui font actuellement tant d’honneur à notre nation.

Ils se hâtèrent l’un vers l’autre avec cette mutuelle déférence et cette affable modestie que le vrai mérite témoigne toujours vis-à-vis de qui l’égale. Ils s’étaient déjà rencontrés dans des maisons amies ; mais jamais ils n’étaient encore restés plusieurs heures ensemble comme il leur arriva ce jour-là.

Ils forment l’un avec l’autre une sorte d’antithèse.

Anatole France est grand et maigre. Il a la figure longue et fine ; ses yeux noirs malicieux sont embusqués au fond de ses orbites ; il a des mains