Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/313

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lancoliques ; quand Houdon faisait sourire Voltaire et courir légèrement Diane chasseresse ; quand Rude, en sculptant sa Marseillaise, appelait au secours de la patrie les vieillards et les enfants, ces grands maîtres français polissaient tour à tour quelques-unes des facettes de notre âme nationale, qui, l’ordre, qui, l’énergie, qui, l’élégance, qui, l’esprit, qui, l’héroïsme, tous la joie de vivre et d’agir librement, et ils entretenaient chez leurs compatriotes les qualités distinctives de notre race.

Le plus grand artiste de notre temps, Puvis de Chavannes, ne s’est-il pas efforcé de répandre sur nous la douce sérénité à laquelle nous aspirons tous ? Ses sublimes paysages, où la Nature sacrée semble bercer sur son sein une humanité aimante, sage, auguste et simple à la fois, ne sont-ils point pour nous d’admirables leçons ? Assistance aux faibles, amour du travail, dévouement, respect de la haute pensée, il a tout exprimé, cet incomparable génie ! C’est une merveilleuse lumière sur notre époque. Il suffit de regarder l’un de ses chefs-d’œuvre, sa Sainte Geneviève, son Bois Sacré de la Sorbonne ou bien son magnifique Hommage à Victor Hugo dans l’escalier de l’Hôtel de Ville, pour se sentir capable de nobles actions.