Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/319

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rieur, vous aurez aidé à l’évolution de la vie moderne.

Vous avez montré la valeur immense que chacun de nous aujourd’hui attache à ses pensées, à ses tendresses, à ses songes et souvent aux égarements de sa passion. Vous avez consigné les ivresses amoureuses, les rêveries virginales, les fureurs du désir, les vertiges de la méditation, les élans d’espérance, les crises d’accablement.

Sans cesse, vous avez exploré le domaine mystérieux de la conscience individuelle et vous l’avez découvert toujours plus vaste.

Vous avez observé que dans l’ère où nous entrons, rien n’a autant d’importance pour nous que nos propres sentiments, notre propre personne intime. Vous avez vu que chacun de nous, homme de pensée, homme d’action, mère, jeune fille, amante, faisait de son âme le centre de l’univers. Et cette disposition qui chez nous était presque inconsciente, vous nous l’avez révélée à nous-mêmes.

À la suite de Victor Hugo, qui, magnifiant dans la poésie les joies et les tristesses de l’existence privée, a chanté la mère près du berceau de son enfant, le père sur la tombe de sa fille, l’amant devant ses souvenirs de bonheur, vous avez ex-