Page:Roland à Roncevaux.djvu/10

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qu’« ils ont sauvé non seulement la France, mais notre grande cause commune et l’humanité tout entière ».[1]

Pour répondre à l’honneur de votre appel, que peut un érudit vieilli dans l’étude du moyen âge ? Ah ! je me souviendrai que je suis au pays de Richard Cœur de Lion et du Prince Noir, de Chaucer et de Malory, au pays qui entre tous a célébré la chevalerie,

the chivalry
That dares the right, and disregards alike
The yea and nay of the world ;


et, tout inégal que je me sache à mon entreprise, mon sujet du moins ne sera pas indigne de votre audience, si je vous transporte durant cette heure dans la vieille France, aux jours où se développèrent chez elle les formes classiques de la chevalerie. C’est aux alentours de l’an 1100, au moment de la première croisade.

Je ne crois pas qu’il y ait, dans le passé français, une date plus radieuse. Le grand fait d’histoire, à jamais honorable, c’est qu’alors, dans la courte période qui va de l’an 1080 environ à l’an 1130 environ, se dévoilèrent en France, contemporains les uns des autres ou presque, plusieurs grands poètes, un Thibaut de Vernon et la Chanson de saint Alexis, un Aubri de Besançon et le Roman d’Alexandre, un Richard le Pèlerin et la Chanson d’Antioche, un Guillaume IX de Poitiers et l’art des troubadours, et, bientôt après, l’auteur, qui doit tant à M. Paul Studer, du drame d’Adam, et Wace, et Benoît de Sainte-Maure, c’est-à-dire, en ce court laps d’un demi-siècle, les formes principales du roman, la poésie religieuse et la poésie amoureuse, et l’historiographie, et

  1. Discours prononcé dans la citadelle de Verdun.