Page:Rollinat - En errant, 1903.djvu/54

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manuels appropriés sans peine à l’engourdissement de leur activité. Inoccupés ou travaillottant, ils échangent à mi-voix des paroles placides entremêlées de recueillements distraits et de chantonnantes rêvasseries.

Là, en vérité, les instants de la journée s’écoulent égaux et grisâtres avec une telle douceur que, chaque fois, vous êtes surpris de voir l’heure brune arriver sitôt. On remercie l’hiver de ses rigueurs pour cette quiétude enchantée qu’il occasionne.

Auprès de la grande cheminée, hôtesse des grelottants, toujours accueillante, on aime la torpeur du brouillard et le fourmillement de la pluie, le silence de la neige et le bruit du vent qui vous font savourer mieux encore la si bonne mélancolie de sa réchauffante hospitalité. Elle suffit à l’indifférence comme à l’ennui du regard qui la parcourt en détail, descend ici, remonte là, se promène dans les petits paysages du feu et s’arrête volontiers sur l’horizon de suie : car, illuminée par la flamme, grisaillée, bleuie par la fumée qui serpente au long d’elle, cette muraille, rugueusement duve-