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DE LA MORT

leurs, faire un plus mauvais choix. La Mort est « douce au pauvre monde » ; elle accueillit la requête du bûcheron et se chargea de l’avenir de son fils. Pendant longtemps l’étrange parrain ne parut guère s’occuper de son filleul ; mais, lorsque l’enfant eut grandi et que le moment fut venu pour lui de prendre un état, il en fit un médecin. Il lui donne ainsi ses instructions pour l’exercice de sa profession :

Prends cette poudre, elle renferme en elle
Une vertu. La plus mince parcelle
Guérit sans faute. Eût-on dans le cercueil
Un pied déjà, la vie en un clin d’œil
Refleurira. Mais donne-toi de garde
De l’employer si tu me vois jamais
Près d’un mourant : il est mien désormais,
Il m’appartient et son sort me regarde.
Si tu voulais, dans ton aveuglement,
Me le ravir, pour t’en ôter l’envie
Apprends que lui guérirait sûrement,
Mais tu paierais ce larcin de ta vie.

Ainsi muni d’un remède infaillible, notre docteur acquit bientôt gloire et fortune. On venait à lui de tous côtés. Un jour, il reçoit