Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/113

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pétie nouvelle, de beaucoup plus redoutable, le fit tressaillir : un troisième parti apparaissait, cette fois au nord-ouest ; Gaw ne pouvait plus éviter l’étreinte des Kzamms qu’en fuyant à l’occident à grande vitesse. Il ne semblait pas avoir conscience du péril, il suivait une ligne droite.

Une fois encore, Naoh hésita entre la nécessité de sauvegarder le Feu, Nam et lui-même, et la tentation de secourir Gaw ; une fois encore, il céda à la force mystérieuse qui pousse l’homme et les bêtes à poursuivre l’œuvre commencée. Le fils du Léopard, après un long regard sur le site, dont toutes les particularités se fixèrent sur sa rétine, descendit la colline.

Il s’engagea le long de la broussaille, dont il suivit la limite occidentale. Puis il fit un crochet à travers de hautes herbes bleues et rousses ; et, comme sa vitesse dépassait de beaucoup celle des Kzamms et de Gaw, qui ménageaient leur souffle, il arriva en vue du bois avant que le fugitif ne s’y fût engagé.

Maintenant, il lui fallait faire connaître sa présence. Il imita la bramée de l’élaphe, en la répétant trois fois : c’était un signal familier aux Oulhamr. Mais la distance était trop grande ; Gaw aurait peut-être entendu en temps ordinaire : las, son attention tendue sur les poursuivants, le rappel lui échappa.

Alors, Naoh se décida à paraître : il jaillit des hautes herbes, surgit devant les ennemis et poussa son cri de guerre. Un long hurlement, répété par les partis de Kzamms qui survenaient à l’ouest et à l’est du bois, se répercuta dans l’espace. Gaw s’arrêta, tremblant sur ses jarrets — de joie et d’étonnement — puis, donnant toute sa vitesse, il accourut vers le fils du Léopard. Déjà celui-ci, sûr d’être suivi, fuyait selon la ligne praticable. Mais le troisième parti de Kzamms, averti, avait aussi changé