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TROISIÈME PARTIE



I

LES NAINS ROUGES


Il y eut de grandes pluies. Naoh, Nam et Gaw s’embourbèrent dans des terres inondées, errèrent sous des ramures pourries, franchirent des cimes et se reposèrent à l’abri de branchages, aux creux des rochers, dans les fissures du sol. C’était le temps des champignons. Tous trois, sachant qu’ils sont perfides et peuvent tuer un homme aussi sûrement que le venin des serpents, ne mangeaient que ceux dont les vieillards leur avaient enseigné la forme et la nuance. Ils les discernaient aussi par l’odeur. Lorsque la chair manquait, ils allaient, selon les lieux et les altitudes, à la découverte des cèpes, des chanterelles, des morilles, des mousserons et des coulemelles. Ils les poursuivaient à l’ombre des futaies humides, parmi les chênes ruisselants, les ormes dévorés de mousses, les sycomores rouillés, sur les plantes visqueuses, dans la léthargie des combes, sous le surplomb des schistes, des gneiss et des porphyres.

Maintenant qu’ils avaient conquis le Feu, ils pouvaient les faire cuire, embrochés à des ramilles ou exposés sur des pierres et même sur l’argile. Ils faisaient aussi rôtir