Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/140

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Mais Naoh répondit :

— Les hommes sont à notre poursuite !

En effet, deux silhouettes surgirent à la fourche d’une rivière, vite suivies d’une trentaine d’autres. Malgré la distance, Naoh les jugea de stature étrangement courte ; on ne pouvait encore clairement distinguer la nature de leurs armes. Ils ne voyaient pas les Oulhamr dissimulés parmi les arbres, ils s’arrêtaient, par intervalles, pour vérifier les traces. Leur nombre s’accrut : le fils du Léopard l’évalua à plus de cinquante. D’ailleurs, il ne semblait pas qu’ils eussent la même agilité que les fugitifs.

À moins de revenir en arrière, les Oulhamr devaient traverser des zones presque nues ou semées d’herbes courtes. Le mieux était de marcher sans détour et de compter sur la fatigue de l’ennemi. Comme la pente redescendait, les nomades firent beaucoup de chemin sans fatigue. Et quand, se retournant, ils virent les poursuivants qui gesticulaient sur la crête, l’avance avait crû.

Peu à peu, le pays se hérissait. Il y eut une plaine de craie, convulsive et boursouflée, puis des landes où abondaient des plantes dures, pleines de pièges, de mares ensevelies, qu’on n’apercevait pas d’abord et qu’il fallait contourner.

Quand on en a évité une, d’autres se présentent, en sorte que les Nomades n’avancent guère. Ils en viennent à bout. Alors se présente une terre rouge qui produit quelques pins appauvris, très hauts et très chétifs ; elle est enveloppée de tourbières. Enfin, ils revoient la savane et Naoh s’en réjouit, lorsque paraît, vers la gauche, une troupe d’hommes dont il reconnaît la structure.

Étaient-ce les mêmes qu’au matin et, accoutumés au territoire, avaient-ils suivi une voie plus courte que les fugitifs ? Ou bien était-ce une autre bande de la même