Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/141

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race ? Ils étaient assez proches pour qu’on pût voir avec précision la petitesse de leur taille : le front du plus grand aurait à peine touché la poitrine de Naoh. Ils avaient la tête en bloc, le visage triangulaire, la couleur de la peau comme l’ocre rouge et, quoique grêles, par leurs mouvements et l’éclat des yeux, ils décelaient une race pleine de vie. À la vue des Oulhamr, ils poussèrent une clameur qui ressemblait au croassement des corbeaux, ils brandirent des épieux et des sagaies.

Le fils du Léopard les considérait avec stupeur. Sans le poil des joues, qui poussait en petites touffes, sans l’air de vieillesse de quelques-uns, sans leurs armes, et malgré la largeur des poitrines, il les eût pris pour des enfants.

Il n’imagina pas tout de suite qu’ils osassent risquer le combat. Et lorsque les Oulhamr élevèrent leurs massues et leurs harpons, lorsque la voix de Naoh, qui dominait la leur d’autant que le tonnerre du lion domine la voix des corneilles, retentit sur la plaine, ils s’effacèrent. Mais ils devaient être d’humeur batailleuse ; leurs cris reprirent tous ensemble, pleins de menace. Puis ils se dispersèrent en demi-cercle. Naoh sut qu’ils voulaient le cerner. Redoutant leur ruse plus que leur force, il donna le signal de la retraite. Les Grands Nomades, dans le premier élan, distancèrent sans peine des poursuivants moins rapides encore que les Dévoreurs d’Hommes ; s’il ne se présentait pas d’obstacle, les fugitifs, malgré le fardeau des cages, ne devaient pas être atteints.

Mais Naoh se méfiait des pièges de l’homme et de la terre. Il ordonna à ses guerriers de continuer leur course, puis, déposant le Feu, il se mit à observer les ennemis. Dans leur ardeur, ils s’étaient dispersés. Trois ou quatre des plus agiles devançaient d’assez loin la troupe. Le