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II

L’ARÊTE GRANITIQUE


La nuit passa. Dans la lueur chancelante des étoiles, ni Nam, ni Gaw, ni le chef ne virent de silhouette humaine, ils n’entendirent et ne flairèrent que les vents humides, les bêtes de marécage, les rapaces aux ailes molles. Quand le matin se répandit comme une vapeur d’argent, la lande montra sa face morne, suivie d’une eau sans limites, entrecoupée d’îles boueuses.

S’ils s’éloignaient des rives, ils retrouveraient sans doute les Nains Rouges. Il fallait suivre les confins de la lande et du marécage, à la recherche d’une issue, et, comme rien n’indiquait la direction préférable, ils prirent celle qui semblait le moins se prêter aux embûches. D’abord, cette route se montra bonne. Le sol, assez résistant, à peine coupé de quelques flaques, produisait des plantes courtes, sauf au rivage même. Vers le milieu du jour, les buissons et les arbustes se multiplièrent ; il fallut continuellement guetter l’horizon rétréci. Toutefois, Naoh ne croyait pas que les Nains Rouges fussent proches. S’ils n’avaient pas abandonné la poursuite, ils suivaient la trace des Oulhamr : leur retard devait être considérable.


La provision de chair était épuisée. Les Nomades se rapprochèrent du rivage, où foisonnait la proie. Ils manquèrent une outarde, qui se réfugia sur une île. Ensuite, Gaw captura une petite brème à l’embouchure d’un ruisseau ; Naoh perça de son harpon un râle d’eau, puis Nam