Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/195

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Aghoo et ses frères, non seulement cette nuit, mais jusqu’à ce qu’on eût rejoint la horde. En hâte, ils saisirent leurs armes de trait, et déjà Nam descendait l’escarpement, Gaw le suivant à deux hauteurs d’homme. Leur tâche fut plus rude que pour la montée, à cause des lueurs fausses, des ombres brusques et parce qu’il fallait tâter dans le vide, découvrir des anfractuosités invisibles, se coller étroitement contre la paroi.

Quand Nam se trouva près d’arriver, un cri d’effraie jaillit de la rive, une bramée lui succéda, puis le mugissement du héron-butor. Naoh, penché au bord de la plate-forme, vit jaillir Aghoo d’entre les joncs. Il arrivait en foudre. Un instant plus tard, ses frères surgissaient, l’un au sud et l’autre au levant.

Nam venait de bondir sur la plaine.

Alors, Naoh sentit son cœur plein de trouble. Il ne savait s’il fallait jeter la massue à Nam ou le rappeler. Le jeune homme était plus agile que les fils de l’Aurochs, mais, comme ils convergeaient vers le roc, il passerait à portée de la sagaie ou du harpon… L’hésitation du chef fut brève, il cria :

— Je ne jetterai pas la massue à Nam…, elle alourdirait sa course ! Qu’il fuie… qu’il aille avertir les Oulhamr que nous les attendons ici, avec le Feu.

Nam obéit, tout tremblant, car il se connaissait faible devant les frères formidables, à qui sa courte pause avait fait gagner du terrain. Après quelques bonds, il trébucha et dut reprendre son élan. Et Naoh, voyant le péril s’accroître, rappela son compagnon.

Déjà, les Velus étaient proches. Le plus agile lança la sagaie. Elle perça le bras du jeune homme au moment où il commençait l’escalade ; l’autre, poussant un cri de mort, fondit sur Nam pour le broyer. Naoh veillait. D’un bras terrible, il lança une pierre : elle traça un arc