Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/207

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trine des autres. Faouhm, se souvenant qu’il était encore chef, se leva de la fissure où il reposait.

— Que tous les guerriers apprêtent leurs armes ! commanda-t-il.

Dans cette heure équivoque, les Oulhamr obéirent en silence. Le chef ajouta :

— Que Hoûm prenne trois jeunes hommes et qu’il aille épier ceux qui viennent.

Hoûm hésita, mécontent de recevoir les ordres d’un homme qui avait perdu la force de son bras. Mais le vieux Goûn intervint :

— Hoûm a les yeux du léopard, l’oreille du loup et le flair du chien. Il saura si ceux qui approchent sont des ennemis ou des Oulhamr.

Alors, Hoûm et trois jeunes hommes se mirent en route. À mesure qu’ils avançaient, les fauves s’assemblèrent sur leurs traces. Ils devinrent invisibles. Longtemps la horde attendit, misérable. Enfin, une longue clameur fendit les ténèbres.

Faouhm, bondissant sur la plaine, clama :

— Ceux qui viennent sont des Oulhamr !

Une émotion terrible perça les cœurs, les petits enfants même se levaient ; Goûn parla sa pensée et celle des autres :

— Est-ce Aghoo et ses frères… ou Naoh, Nam et Gaw ?

De nouveaux cris roulèrent sous les étoiles.

— C’est le fils du Léopard ! murmura Faouhm, avec une joie sourde.

Car il redoutait la férocité d’Aghoo.

Mais la plupart ne songeaient qu’au Feu. Si Naoh le ramenait, ils étaient prêts à se courber devant lui ; s’il ne le ramenait pas, la haine et le mépris s’élèveraient contre sa faiblesse.