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II

LES MAMMOUTHS ET LES AUROCHS


C’était à l’aube suivante. Le vent du haut soufflait dans la nue, tandis que, au ras de la terre et du marécage, l’air pesait torpide, odorant et chaud. Le ciel tout entier, vibrant comme un lac, agitait des algues, des nymphéas, des roseaux pâles. L’aurore y roula ses écumes. Elle s’élargit, elle déborda en lagunes de soufre, en golfes de béryl, en fleuves de nacre rose.

Les Oulhamr, tournés vers ce feu immense, sentaient, au fond de leurs âmes, grandir quelque chose qui était presque un culte, et qui gonflait aussi les petites cornemuses des oiseaux dans l’herbe de la savane et les oseraies du marécage. Mais des blessés gémirent de soif ; un guerrier mort étendait des membres bleus : une bête nocturne lui avait mangé le visage.

Goûn balbutia des plaintes vagues, presque rythmiques, et Faouhm fit jeter le cadavre dans les eaux.

Puis, l’attention de la tribu s’attacha aux conquérants du Feu, Aghoo et Naoh, prêts à partir. Les velus portaient la massue, la hache, l’épieu, la sagaie à pointe de silex ou de néphrite. Naoh, comptant sur la ruse plutôt que sur la force, avait, à des guerriers robustes, préféré deux jeunes hommes agiles et capables de fournir une longue course. Ils avaient chacun une hache, l’épieu et des sagaies. Naoh y joignait la massue de chêne, une branche à peine dégrossie et durcie au feu. Il préférait cette arme à toute autre et l’opposait même aux grands carnivores.

Faouhm s’adressa d’abord à l’Aurochs :