Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/27

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devint impossible, car Faouhm, ayant pris le commandement, ordonna un grand massacre.

Cette alliance attirait Naoh ; il y sentait une force neuve, plus de sécurité et plus de pouvoir. Mais, dans la savane, seul avec deux guerriers, il en concevait surtout le péril. Il l’eût tentée avec peu de bêtes, non avec un troupeau.

Cependant, les chiens resserraient le cercle ; leurs cris devenaient rares, et leurs souffles vifs. Naoh s’en émut. Il prit une poignée de terre, il la lança sur le plus audacieux, criant :

— Nous avons des épieux et des massues qui peuvent détruire l’Ours, l’Aurochs et le Lion !…

Le chien, atteint à la gueule et surpris par les inflexions de la parole, s’enfuit. Les autres s’appelèrent et parurent délibérer. Naoh jeta une nouvelle poignée de terre :

— Vous êtes trop faibles pour combattre les Oulhamr ! Allez chercher les saïgas et détruire les loups. Le Chien qui approchera encore répandra ses entrailles.

Éveillés par la voix du chef, Nam et Gaw se dressèrent ; ces nouvelles silhouettes déterminèrent la retraite des bêtes.

Naoh marcha sept jours en évitant les embûches du monde. Elles augmentaient à mesure qu’on approchait de la forêt. Quoiqu’elle fût à plusieurs journées encore, elle s’annonçait par des îlots d’arbres, par l’apparition des grands fauves ; les Oulhamr aperçurent le Tigre et la grande Panthère. Les nuits devinrent pénibles : ils travaillaient, longtemps avant le crépuscule, à s’environner d’obstacles ; ils recherchaient le creux des tertres, les rocs, les fourrés ; ils fuyaient les arbres. Le huitième et le neuvième jour, ils souffrirent de la soif. La terre n’offrit ni source ni mare ; le désert des herbes pâlis-