Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/70

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moins humain qu’animal, leur faisait choisir aromatiques. Naoh ressortit pour aller chercher des feuilles de saule et de menthe qu’il appliqua, après les avoir écrasées, sur la poitrine de Gaw. Le sang coulait plus faiblement, rien n’annonçait que les plaies fussent mortelles. Nam sortait de sa torpeur, quoique ses membres, ses jambes surtout, demeurassent inertes. Et Naoh n’oublia pas les paroles utiles :

— Nam et Gaw ont bien combattu… Les fils des Oulhamr proclameront leur courage…

Les joues des jeunes hommes s’animèrent, dans la joie de voir, une fois encore, leur chef victorieux.

— Naoh a abattu la tigresse, murmura le fils du Saïga d’une voix creuse, comme il avait abattu l’ours gris !

— Il n’y a pas de guerrier aussi fort que Naoh ! gémissait Nam.

Alors, le fils du Léopard répéta la parole d’espérance avec tant de force que les blessés sentirent la douceur de l’avenir :

— Nous ramènerons le Feu !

Et il ajouta :

— Le Lion Géant est encore loin… Naoh va chercher la proie.

Naoh allait et revenait par la plaine, surtout près de la rivière. Quelquefois, il s’arrêtait devant la tigresse. Elle vivait. Sous la chair saignante, les yeux brillaient, intacts : elle épiait le grand nomade se mouvant autour d’elle. Les plaies du flanc et du dos étaient légères, mais les pattes ne pourraient guérir qu’après beaucoup de temps.

Naoh s’arrêtait auprès de la vaincue ; comme il lui accordait des impressions semblables à celles d’un homme, il criait :