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II

L’AFFUT DEVANT LE FEU


Les Oulhamr, depuis trois jours, suivaient la piste des Dévoreurs d’Hommes. Ils longèrent d’abord le lac jusqu’au pied des collines ; puis ils s’engagèrent dans un pays où les arbres alternaient avec les prairies. Leur tâche fut aisée, car les rôdeurs avançaient nonchalamment ; ils allumaient de grands feux pour rôtir leurs proies ou s’abriter de la fraîcheur des nuits brumeuses.

Au rebours, Naoh usait continuellement de ruses pour tromper ceux qui pourraient les suivre. Il choisissait les sols durs, les herbes souples qui se redressent promptement, profitait du lit des ruisseaux, passait, à gué ou à la nage, tels tournants du lac, et parfois enchevêtrait les traces. Malgré cette prudence, il gagnait du terrain. À la fin du troisième jour, il fut si proche des Dévoreurs d’Hommes qu’il crut pouvoir les atteindre par une marche de nuit.

— Que Nam et Gaw apprêtent leurs armes et leur courage, dit-il… Ce soir, ils reverront le Feu !

Les jeunes guerriers, selon qu’ils songeaient à la joie de voir bondir des Flammes ou à la force des ennemis, respiraient plus fort ou demeuraient sans souffle.

— Reposons-nous d’abord ! reprit le fils du Léopard. Nous nous approcherons des Dévoreurs d’Hommes pendant leur sommeil, et nous essaierons de tromper ceux qui veillent.

Nam et Gaw conçurent la proximité d’un péril plus grand que tous les autres : la légende des Dévoreurs