Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/82

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d’Hommes était redoutable. Leur force, leur audace et leur férocité dépassaient celles des hordes connues. Quelquefois, les Oulhamr en avaient surpris et exterminé des troupes peu nombreuses ; plus souvent, c’étaient des Oulhamr qui avaient péri sous leurs haches tranchantes et leurs massues de chêne.

D’après le vieux Goûn, ils descendaient de l’Ours gris ; leurs bras étaient plus longs que ceux des autres hommes ; leurs corps, aussi velus que les corps d’Aghoo et de ses frères. Et parce qu’ils se repaissaient des cadavres de leurs ennemis, ils épouvantaient les hordes craintives.

Quand le fils du Léopard eut parlé, Nam et Gaw, tout tremblants, inclinèrent la tête, puis ils prirent du repos jusqu’au milieu de la nuit.

Ils se levèrent avant que le croissant eût blanchi le fond du ciel. Naoh, ayant reconnu d’avance la piste, ils marchèrent d’abord dans les ténèbres. Au lever de la lune, ils reconnurent qu’ils avaient dévié, puis ils retrouvèrent la voie. Successivement, ils traversèrent une brousse, passèrent le long de terres marécageuses et franchirent une rivière.

Enfin, du sommet d’un mamelon, cachés parmi des herbes drues, et secoués d’une émotion terrible, ils aperçurent le Feu.

Nam et Gaw grelottaient ; Naoh demeurait immobile, les jarrets rompus et le souffle rauque. Après tant de nuits passées dans le froid, la pluie, les ténèbres, tant de luttes — la faim, la soif, l’Ours, la Tigresse et le Lion Géant — il apparaissait enfin, le Signe éblouissant des Hommes.

C’était sur une plaine coupée de térébinthes et de sycomores, non loin d’une mare, un brasier en demi-cercle dont les flammes s’alanguissaient autour des tisons. Cela