Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/96

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le cri des chefs ; Goûn dit qu’ils prennent, au commandement, la place qu’on leur indique, et qu’ils tiennent conseil avant de partir pour une terre nouvelle… Si nous devinions leurs signes, nous ferions alliance avec eux.

Il vit un mammouth énorme qui les regardait passer. Solitaire, en contrebas de la rive, parmi de jeunes peupliers, il paissait les pousses tendres. Naoh n’en avait jamais rencontré d’aussi considérable. Sa stature s’élevait à douze coudées. Une crinière épaisse comme celle des lions croissait sur sa nuque ; sa trompe velue semblait un être distinct, qui tenait de l’arbre et du serpent.

La vue des trois hommes parut l’intéresser, car on ne pouvait supposer qu’elle l’inquiétât. Et Naoh criait :

— Les mammouths sont forts ! Le grand mammouth est plus fort que tous les autres : il écraserait le tigre et le lion comme des vers, il renverserait dix aurochs d’un choc de sa poitrine… Naoh, Nam et Gaw sont les amis du grand mammouth !

Le mammouth dressait ses oreilles membraneuses ; il écouta les sons articulés par la bête verticale, secoua lentement sa trompe et barrit.

— Le mammouth a compris ! s’écria Naoh avec joie. Il sait que les Oulhamr reconnaissent sa puissance.

Il cria encore :

— Si les fils du Léopard, du Saïga et du Peuplier retrouvent le Feu, ils cuiront la châtaigne et le gland pour en faire don au grand mammouth !

Comme il parlait, sa vue rencontra une mare, où poussaient des nénuphars orientaux. Naoh n’ignorait pas que le mammouth aimait leurs tiges souterraines. Il fit signe à ses compagnons ; ils se mirent à arracher les longues plantes roussies. Quand ils en eurent un grand tas, ils les lavèrent avec soin et les portèrent vers la