Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/98

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— Voilà ! Naoh va être écrasé, Nam et Gaw seront seuls devant les Kzamms, les bêtes et les eaux.

Ensuite, ils virent la main de Naoh effleurer la bête ; leur âme s’emplit de joie et d’orgueil.

— Naoh a fait alliance avec le mammouth ! murmura Nam. Naoh est le plus puissant des hommes.

Cependant, le fils du Léopard criait :

— Que Nam et Gaw approchent à leur tour, de la manière que Naoh s’est approché… Ils arracheront de l’herbe et des pousses, et les offriront au mammouth.

Ils l’écoutaient, la poitrine chaude, pleins de foi ; ils s’avancèrent avec la lenteur dont le chef avait donné l’exemple, arrachant à leur passage tantôt de l’herbe tendre, tantôt de jeunes racines.

Quand ils furent proches, ils tendirent leur récolte. Comme Naoh la tendait en même temps qu’eux, le mammouth vint la dévorer. Ainsi se noua l’alliance des Oulhamr avec le mammouth.

La lune nouvelle avait grandi ; elle approchait de la nuit où elle se lèverait aussi vaste que le soleil. Or, un soir des temps, les Kzamms et les Oulhamr campaient à vingt mille coudées les uns des autres. C’était encore le long du fleuve. Les Kzamms occupaient une bande sèche du territoire ; ils se chauffaient devant le Feu rugissant et mangeaient de lourds quartiers de viande, car la chasse avait été abondante, tandis que les Oulhamr se partageaient en silence, dans l’ombre humide et froide, quelques racines et la chair d’un ramier.

À dix mille coudées de la rive, les mammouths dormaient parmi les sycomores. Ils supportaient, pendant le jour, la présence des Nomades ; la nuit, ils montraient une humeur plus ombrageuse, soit qu’ils connussent