Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le plus proche voisin du Soleil, dont la lueur ne met que trois ans pour atteindre la terre. Comme ce ciel devait être beau, lorsque des créatures jeunes le considéraient à travers le feuillage des arbres, et plus encore lorsque des nuages argentés mêlaient leur promesse féconde aux petites lampes de l’infini. Ah ! et il n’y aura plus jamais de nuages !

Une lueur fine emperla le levant, puis le Soleil montra son disque énorme. L’Équatoriale des Dunes était proche. À travers l’objectif de la lunette aérienne, Targ apercevait parfois, dans l’échancrure des dunes, l’enceinte de bismuth et les demeures d’arcum ambrées par le matin… Arva dormait toujours et une nouvelle dose du stimulant ne la réveilla point. Toutefois, sa pâleur était moins livide ; les artères frissonnaient faiblement ; la peau n’avait plus cette « raideur translucide » qui suggérait la mort.

— Elle est hors de danger ! s’affirma Targ.

Et cette certitude soulageait sa peine.

Toute sa vigilance se porta sur l’oasis. Il cherchait à apercevoir l’enclave familiale. Deux mamelons la cachaient encore. Enfin, elle apparut et, de saisissement, Targ tordit le gouvernail du planeur qui plongea brusquement, comme un oiseau blessé.

L’enclave tout entière, avec ses maisons, ses hangars et ses machines, avait disparu.