Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/124

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ciens et les reptiles connurent les forêts de la fougère géante, le pullulement des calamites et des sagittaires. Quand les arbres avancèrent leurs torses magnifiques, alors aussi se montrèrent d’immenses reptiles. Les Dinosauriens avaient la taille des cèdres, les Ptérodactyles planaient sur les formidables marécages… En ces âges naissent, chétifs, gourds et stupides, les premiers mammifères. Ils rôdent, misérables, et si petits qu’il en eût fallu cent mille pour faire le poids d’un iguanodon. Durant d’interminables millénaires, leur existence demeure imperceptible et presque dérisoire. Ils croissent, pourtant. L’heure vient où c’est leur tour, où leurs espèces se lèvent en force à tous les détours de la savane, dans toutes les pénombres des futaies. C’est eux, maintenant, qui font figure de colosses. Le dinothérium, l’éléphant antique, les rhinocéros cuirassés comme les vieux chênes, les hippopotames aux ventres insatiables, l’urus, l’aurochs, le machaerodus, le lion géant et le lion jaune, le tigre, l’ours des cavernes, et la baleine, aussi massive que plusieurs diplodocus, et le cachalot dont la bouche est une caverne, aspirent les énergies éparses.

Puis, la planète laissa prospérer l’homme : son règne fut le plus féroce, le plus puissant – et le dernier. Il fut le destructeur prodigieux de la vie. Les forêts moururent et leurs hôtes sans nombre, toute bête fut exterminée ou avilie. Et il y eut un temps où les énergies subtiles et les minéraux obs-