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LA MORT DE LA TERRE

quart d’heure des messagers peuvent atteindre le premier relais…

— À moins, objecta Hélé, que les planeurs ne soient endommagés… Quant aux motrices, il est improbable qu’elles franchissent, avant quelque temps, une enceinte en décombres.

Cependant, la population tout entière se portait vers la zone méridionale. En quelques minutes, les planeurs et les motrices versèrent des milliers d’hommes et de femmes vers le Grand Planétaire. Les rumeurs montaient, comme de longs souffles, entrecoupées de silences. Et les membres du Conseil des Quinze, interprétateurs des lois et juges des actes unanimes, se rassemblèrent sur la plate-forme. On reconnaissait le visage triangulaire, la rude chevelure blanc de sel de la vieille Bamar, et la tête bosselée d’Omal, son mari, dont soixante-dix ans de vie n’avaient pu pâlir la barbe fauve. Ils étaient laids, mais vénérables, et leur autorité était grande car ils avaient donné une descendance sans tare.

Bamar, s’assurant que le Planétaire était bien orienté, envoya à son tour quelques ondes. Devant le silence du récepteur, son visage s’assombrit encore.

— Jusqu’à présent, la Dévastation est sauve ! murmura Omal…, et les sismographes n’annoncent aucune secousse dans les autres zones humaines.

Soudain, un bruissement d’appel strida et, tandis que la multitude se dressait, hypnotique, on entendit gronder le Grand Planétaire :