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LA MORT DE LA TERRE

saient au dixième de la surface terrestre. Trois ou quatre mille ans de répit firent renaître quelque optimisme. L’humanité entreprit de prodigieux travaux de préservation : la lutte contre les oiseaux cessa ; on se borna à les mettre dans des conditions qui ne permettaient pas qu’ils se multipliassent, on tira d’eux de précieux services.

Puis, les catastrophes reprirent. Les terres habitables se rétrécirent encore. Et, il y a environ trente mille ans, eurent lieu les remaniements suprêmes : l’humanité se trouva réduite à quelques territoires disséminés sur la terre, redevenue vaste et formidable comme aux premiers âges ; en dehors des oasis, il devenait impossible de se procurer l’eau nécessaire à la vie.

Depuis, une accalmie relative s’est produite. Quoique l’eau que nous fournissent les puits creusés dans l’abîme ait encore décru, que la population se soit réduite d’un tiers, que deux oasis aient dû être abandonnées, l’humanité se maintient : sans doute se maintiendra-t-elle pendant cinquante ou cent mille ans encore… Son industrie a immensément décru. Des énergies qu’utilisait notre espèce en sa force, l’homme des oasis ne peut plus employer qu’une faible partie. Les appareils de communication et les appareils de travail sont devenus moins complexes ; depuis bien des millénaires, il a fallu renoncer aux spiraloïdes qui transportaient les ancêtres à travers l’étendue