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LA MORT DE LA TERRE

ennemie pendant deux jours au moins ; elle s’affaiblit si l’on se couche la tête au Nord ; elle s’atténue spontanément lorsque le soleil est près du méridien.

Bien entendu, lorsque le nombre des ferromagnétaux décroît, le phénomène est de moins en moins intense ; un moment vient où il s’annule, car l’organisme humain ne se laisse pas faire sans résistance. Enfin, l’action ferromagnétique diminue d’abord selon la courbe des distances, et devient insensible à plus de dix mètres.

On conçoit que la disparition des ferromagnétaux parût nécessaire à nos ancêtres. Ils entreprirent la lutte avec méthode. À l’époque où débutèrent les grandes catastrophes, cette lutte exigea de lourds sacrifices : une sélection s’était opérée parmi les ferromagnétaux ; il fallait user d’énergies immenses pour refréner leur pullulation.

Les remaniements planétaires qui suivirent donnèrent l’avantage au nouveau règne ; par compensation, sa présence devenait moins inquiétante, car la quantité de métal nécessaire à l’industrie décroissait périodiquement et les désordres sismiques faisaient affleurer, en grandes masses, des minerais de fer natif, intangible aux envahisseurs. Aussi, la lutte contre ceux-ci se ralentit-elle au point de devenir négligeable. Qu’importait le péril organique au prix de l’immense péril sidéral ?…

Présentement, les ferromagnétaux ne nous inquiètent guère. Avec nos enceintes d’hématite