Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/58

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Distrait, il ne s’apercevait pas que la pente se faisait plus douce. Elle était devenue horizontale lorsqu’il se réveilla, avec un grand sursaut : à quelques pas devant lui, la galerie commençait à descendre !…

Elle descendit régulièrement, sur une longueur de plus d’un kilomètre ; large, plus approfondie au milieu que sur les bords, la marche y était généralement commode, à peine interrompue par quelque bloc ou par quelque fissure. Sans doute, à une époque lointaine, un cours d’eau souterrain s’y frayait passage.

Cependant, les déblais s’accumulèrent, parmi lesquels il en était de récents, puis l’issue parut de nouveau bouchée.

— La galerie ne s’arrêtait pas ici, fit le jeune homme. Ce sont des remaniements de l’écorce terrestre qui l’ont interrompue, mais quand ? Hier…, il y a mille ans…, il y a cent mille ans ?

Il ne s’arrêta pas à examiner les éboulis, parmi lesquels il eût reconnu la trace de convulsions récentes. Toute sa perspicacité se concentrait à découvrir un passage. Il ne tarda pas à apercevoir une fissure. Étroite et haute, dure, hérissée, rebutante, elle ne le trahit point : il retrouva sa galerie. Elle continuait à descendre, toujours plus spacieuse ; à la fin, sa largeur moyenne atteignait plus de cent mètres.

Les derniers doutes de Targ s’évanouirent : un véritable fleuve souterrain avait, jadis, coulé là.