Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/62

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de cristal de roche et de gemmes. À chaque mouvement de la lampe, des éclairs rebondissaient, mystérieux et féeriques. Les innombrables âmes des cristaux s’éveillaient à la lumière : c’était un crépuscule souterrain, éblouissant et furtif, une grêle infinitésimale de lueurs écarlates, orangées, jonquille, hyacinthe ou sinople. Targ y voyait un reflet de la vie minérale, de cette vie vaste et minuscule, menaçante et profonde, qui avait le dernier mot avec les hommes, qui aurait, un jour, le dernier mot avec le règne ferromagnétique.

Dans ce moment, il ne la redoutait pas. Il considérait pourtant la caverne avec le respect que les Derniers Hommes vouent aux existences sourdes qui, ayant présidé aux Origines, gardent intactes leurs formes et leurs énergies.

Un vague mysticisme fut en lui, non point le mysticisme sans espérance des Oasites déchus, mais le mysticisme qui conduisit, jadis, les cœurs hasardeux. S’il se défiait toujours des pièges de la terre, il avait du moins cette foi qui succède aux efforts heureux et qui transporte dans l’avenir les victoires du passé.

Après la caverne vint un couloir aux pentes capricieuses. Plusieurs fois encore il fallut ramper, pour franchir des passes. Puis, le couloir reprit ; la pente devint raide au point que Targ craignit un nouveau gouffre. Cette pente s’adoucit. Elle se fit presque aussi commode qu’une route. Et