Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/69

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l’un d’eux lui ayant reproché d’avoir retardé leur départ, il repartit :

— Ne me le reprochez pas, car j’apporte de grandes nouvelles.

Cette réponse surprit et choqua les auditeurs. Comment un homme pouvait-il apporter des nouvelles qui ne fussent à la connaissance des autres hommes ? De telles paroles avaient un sens, jadis, lorsque la terre était inconnue et pleine de ressources, lorsque le hasard demeurait parmi les êtres, et que les peuples ou les individus opposaient leurs destins. Mais, à présent que la planète est tarie, que les hommes ne peuvent plus lutter entre eux, que toute chose est résolue par des lois inflexibles, que personne ne prévoit les périls avant les oiseaux et les instruments, ce sont des propos ineptes.

— De grandes nouvelles ! répéta dédaigneusement celui qui avait fait les reproches… Êtes-vous devenu fou, veilleur ?

— Vous verrez bientôt si je suis devenu fou ! Allons trouver le Conseil des Terres-Rouges.

— Vous l’avez fait attendre.

Targ ne répondit plus. Il se tourna vers sa sœur et lui dit :

— Va, et ramène celle que j’ai sauvée hier… Sa présence est nécessaire.

Le Grand Conseil des Terres-Rouges était réuni, au centre de l’oasis. Il n’était pas au complet, plusieurs de ses membres ayant succombé dans le