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Mais au milieu de l’exaltation des cœurs, et avec la vision féerique des sources souterraines, tout son être se troubla : l’émotion magnifique qui agitait le veilleur se refléta sur le visage nacré de la vierge.

VIII

Et seules survivent les Terres-Rouges

Dans les années qui suivirent, la terre n’eut que de faibles secousses. Mais la dernière catastrophe avait suffi pour frapper de mort les oasis. Celles qui avaient vu disparaître toute leur eau ne l’avaient point reconquise. Aux Hautes-Sources, elle avait tari pendant dix-huit mois, puis s’était évanouie dans les gouffres insondables. Seules, les Terres-Rouges avaient connu de vastes espérances. La nappe trouvée par Targ donnait une eau abondante et moins impure que celle des sources disparues. Non seulement elle suffisait à l’entretien des survivants, mais on avait pu recueillir le faible groupe qui s’était sauvé à la Dévastation et beaucoup d’habitants des Hautes-Sources.

Là, s’arrêtait le secours possible. Une hérédité de cinquante millénaires les ayant adaptés aux lois inexorables, les Derniers Hommes acceptaient sans révolte le jugement du destin. Il n’y eut donc aucune guerre ; à peine si quelques individus ten-