Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/81

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cheveux semblaient une lumière douce et tiède. Targ l’attira près de lui ; il murmura :

J’avais retrouvé auprès de toi la vie des temps antiques… Tu étais le rêve des genèses… ; rien que de sentir ta présence, je croyais aux jours innombrables. Et maintenant, Érê, si nous ne retrouvons pas les sources, ou si nous ne découvrons aucune eau nouvelle, dans dix ans les Derniers Hommes auront disparu de la planète.

X

La secousse

Six saisons passèrent. Les chefs des Eaux firent creuser d’immenses galeries pour retrouver les sources. Tout échoua. Des fissures illusoires ou des gouffres impénétrables décevaient les efforts. De mois en mois, l’espérance décroissait dans les âmes. Le long atavisme de résignation retombait sur elles ; leur passivité parut même s’accroître, à la manière dont s’aggravent, après un répit, des maladies chroniques. Toute foi, même légère, les abandonna. Déjà la mort tenait ces mornes existences.

Quand arriva l’époque où le Grand Conseil décréta les premières euthanasies, il se trouva plus de vivants prêts à disparaître que ne le voulait la loi.