Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/91

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cinq cents kilomètres, pouvait être atteinte dans la matinée du lendemain.

Le voyage fut abominable : Arva ne cessait de songer à la mort de Manô. Quand le soleil fut au haut de sa trajectoire, elle poussa un grand cri funèbre : c’était l’heure de l’euthanasie ! Jamais plus elle ne reverrait l’homme avec qui elle avait vécu la tendre aventure !…

Le Désert prolongeait sa vaste étendue. Pour des yeux humains, la terre était morte épouvantablement. Pourtant, l’autre vie y croissait, pour qui c’étaient les temps de la genèse. On la voyait pulluler sur les plaines et les collines, redoutable et incompréhensible. Parfois, Targ l’exécrait ; parfois, une sympathie craintive s’éveillait dans son âme. N’y avait-il pas une analogie mystérieuse, et même une obscure fraternité, entre ces êtres et les hommes ? Certes, les deux règnes étaient moins loin l’un de l’autre que chacun ne l’était du minéral inerte. Qui sait si leurs consciences, à la longue, ne se seraient pas comprises !

En y songeant, Targ soupirait. Et les planeurs continuaient à siller dans l’oxygène bleu, vers un inconnu si terrible que, d’y songer seulement, les voyageurs sentaient transir leur chair.

Afin de parer aux surprises, la halte fut décidée avant le crépuscule. Targ fit choix d’une colline surmontée d’un plateau. Les ferromagnétaux s’y décelaient rares et d’espèces faciles à déplacer. Sur