Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/92

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le plateau même, il y avait un roc de porphyre vert, avec des creux propices. Les planeurs atterrirent ; on les fixa à l’aide des cordes d’arcum. Au reste, faits de substances choisies et d’une extrême résistance, ils étaient à peu près invulnérables.

Il se trouva que le roc et ses alentours abritaient à peine quelques groupes ferromagnétiques de la plus petite taille. En un quart d’heure, ceux-ci furent expulsés et l’on put organiser le campement.

Ayant pris un repas de gluten concentré et d’hydrocarbures essentiels, les fugitifs attendirent la fin du jour. Combien d’autres créatures, leurs semblables, avaient, dans l’océan immense des âges, connu des détresses analogues ? Lorsque les familles rôdaient solitaires, avec les massues de bois et les frêles outils de pierre, il y eut, devant l’espace féroce, des nuits où quelques humains tremblaient de faim, de froid, d’épouvante, à l’approche des lions ou des eaux déchaînées. Plus tard, des naufragés clamèrent sur des îlots déserts ou sous les rocs d’une rive meurtrière ; des voyageurs se perdirent au sein des forêts carnivores ou parmi les marécages. Innombrables furent les drames de la détresse !… Mais tous ces malheureux se trouvaient devant la vie sans bornes : Targ et ses compagnons n’apercevaient que la mort !

Pourtant, songeait le veilleur en regardant les enfants d’Érê et ceux d’Arva, ce faible groupe contient toute l’énergie nécessaire pour refaire une humanité !…