Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/94

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machines et des générateurs d’énergie devaient être intacts. Mais les réservoirs d’arcum surtout préoccupaient le veilleur. Il y en avait deux, largement entamés, dont il connaissait l’emplacement. Quand ils apparurent, il n’osa d’abord les toucher ; son cœur battait de crainte. Lorsque, enfin, il se fut décidé :

— Intacts ! cria-t-il avec une sorte de saisissement… Nous avons de l’eau pour deux ans. Maintenant, cherchons le refuge.

Après une longue course, il choisit une langue de terre, près de l’enceinte, à l’Ouest. Les ferromagnétaux y étaient en petit nombre : en peu de jours, on pourrait construire une barrière protectrice. Deux demeures s’offraient, spacieuses, que les météores avaient épargnées.

Targ et Arva parcoururent la plus grande. Les meubles et les instruments se décelaient solides, à peine couverts d’une fine poussière ; de toutes parts, on sentait je ne sais quelle présence subtile. En entrant dans une des chambres, une profonde mélancolie saisit les visiteurs : sur le lit d’arcum, deux humains apparaissaient, étendus côte à côte. Longtemps, Targ et Arva contemplèrent ces formes paisibles, où la vie habitait naguère, où avaient tressailli la joie et la douleur…

D’autres y auraient pris une leçon de résignation ; mais eux, pleins d’amertume et d’horreur, se raidissaient pour la lutte.