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Le bret.

Il est pâle !

Un autre.

Il est pâle !Il a faim… autant qu’un pauvre diable !
Mais comme sa cuirasse a des clous de vermeil,
Sa crampe d’estomac étincelle au soleil !

Cyrano, vivement.

N’ayons pas l’air non plus de souffrir ! Vous, vos cartes,
Vos pipes et vos dés…

(Tous rapidement se mettent à jouer sur des tambours, sur des escabeaux et par terre, sur leurs manteaux, et ils allument de longues pipes de pétun.)

Vos pipes et vos dés…Et moi, je lis Descartes.

(Il se promène de long en large et lit dans un petit livre qu’il a tiré de sa poche. — Tableau. — De Guiche entre. Tout le monde a l’air absorbé et content. Il est très pâle. Il va vers Carbon.)

Scène IV

Les mêmes, DE GUICHE.
De guiche, à Carbon.

Ah ! — Bonjour !

(Ils s’observent tous les deux. À part, avec satisfaction.)

Ah ! — Bonjour !Il est vert.

Carbon, de même.

Ah ! — Bonjour !Il est vert.Il n’a plus que les yeux.

De guiche, regardant les cadets.

Voici donc les mauvaises têtes ?… Oui, messieurs,
Il me revient de tous côtés qu’on me brocarde
Chez vous, que les cadets, noblesse montagnarde,
Hobereaux béarnais, barons périgourdins,
N’ont pour leur colonel pas assez de dédain,
M’appellent intrigant, courtisan, — qu’il les gêne
De voir sur ma cuirasse un col au point de Gêne, —
Et qu’ils ne cessent pas de s’indigner entre eux
Qu’on puisse être Gascon et ne pas être gueux !
(Silence. On joue. On fume.)