Page:Rostand - Cyrano de Bergerac.djvu/203

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Roxane, légèrement.

Eh bien ! cette personne attendra pour vous voir
Je ne vous laisse pas partir avant ce soir.

Cyrano, avec douceur.

Peut-être un peu plus tôt faudra-t-il que je parte.

(Il ferme les yeux et se tait un instant. Sœur Marthe traverse le parc de la chapelle au perron. Roxane l’aperçoit, lui fait un petit signe de tête.)

Roxane, à Cyrano.

Vous ne taquinez pas sœur Marthe ?

Cyrano, vivement, ouvrant les yeux.

Vous ne taquinez pas sœur Marthe ?Si !

(Avec une grosse voix comique.)

Vous ne taquinez pas sœur Marthe ?Si !Sœur Marthe !
Approchez !

(La sœur glisse vers lui.)

Approchez !Ha ! ha ! ha ! Beaux yeux toujours baissés !

Sœur Marthe, levant les yeux en souriant.

Mais…

(Elle voit sa figure et fait un geste d’étonnement.)

Mais…Oh !

Cyrano, bas, lui montrant Roxane.

Mais…Oh !Chut ! Ce n’est rien !

(D’une voix fanfaronne. Haut.)

Mais…Oh !Chut ! Ce n’est rien !Hier, j’ai fait gras.

Sœur Marthe.

Mais…Oh !Chut ! Ce n’est rien !Hier, j’ai fait gras.Je sais.

(À part.)

C’est pour cela qu’il est si pâle !

(Vite et bas.)

C’est pour cela qu’il est si pâle !Au réfectoire
Vous viendrez tout à l’heure, et je vous ferai boire
Un grand bol de bouillon… Vous viendrez ?

Cyrano.

Un grand bol de bouillon… Vous viendrez ?Oui, oui, oui.

Sœur Marthe.

Ah ! vous êtes un peu raisonnable, aujourd’hui !