Page:Rostand - Cyrano de Bergerac.djvu/81

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De guiche.

Portez-les-lui.

Cyrano, tenté et un peu charmé.

Portez-les-lui.Vraiment…

De guiche.

Portez-les-lui.Vraiment…Il est des plus experts.
Il vous corrigera seulement quelques vers…

Cyrano, dont le visage s’est immédiatement rembruni.

Impossible, Monsieur ; mon sang se coagule
En pensant qu’on y peut changer une virgule.

De guiche.

Mais quand un vers lui plaît, en revanche, mon cher,
Il le paye très cher.

Cyrano.

Il le paye très cher.Il le paye moins cher
Que moi, lorsque j’ai fait un vers, et que je l’aime,
Je me le paye, en me le chantant à moi-même !

De guiche.

Vous êtes fier.

Cyrano.

Vous êtes fier.Vraiment, vous l’avez remarqué ?

Un cadet, entrant avec, enfilés à son épée, des chapeaux aux plumets miteux, aux coiffes trouées, défoncées.

Regarde, Cyrano ! ce matin, sur le quai,
Le bizarre gibier à plumes que nous prîmes !
Les feutres des fuyards !…

Carbon.

Les feutres des fuyards !…Des dépouilles opimes !

Tout le monde, riant.

Ah ! Ah ! Ah !

Cuigy.

Ah ! Ah ! Ah !Celui qui posta ces gueux, ma foi,
Doit rager aujourd’hui.

Brissaille.

Doit rager aujourd’hui.Sait-on qui c’est ?